Risque inondation : vers l'élaboration d'une stratégie nationale à la hauteur des enjeux économiques ? Quelques mois avant la commémoration, l'an prochain, du centenaire des grandes inondations qui avaient ravagé Paris en 1910, la France s'apprête à transposer en droit interne la directive européenne sur l'évaluation et la gestion des inondations, entrée en vigueur en 2007. L?affaire n?est pas anodine : le risque inondation est, en France, le premier risque naturel. Comme le soulignait récemment Eric Doligé, Sénateur, Président du Conseil général du Loiret et Président du Centre européen de prévention du risque inondation (CEPRI), cet aléa concerne directement dans notre pays une commune métropolitaine sur trois, de 5 à 7 millions d'habitants et environ 400.000 entreprises sans parler des nombreux réseaux électriques, routiers ou ferroviaires situés en zone inondable. Dans la seule région parisienne, près de 2 millions de personnes seraient concernées par une nouvelle crue centennale dont la probabilité est loin d'être nulle. Les dommages d'une telle crue sont estimés à plus de 12 milliards d'euros... Ce risque qui concerne donc directement ou indirectement 10 % des Français est porteur de conséquences qui peuvent s'avérer incalculables. Car l'inondation telle qu'elle est susceptible de survenir aujourd'hui ne se limite pas au simple débordement d'un fleuve, d'une rivière ou d'un cours d'eau mais d'un territoire tout entier, de sa population et de ses activités économiques. Les Anglais, qui ont connu à l'été 2007 deux vagues d'inondations graves, considèrent aujourd'hui qu'il s'agissait de la crise la plus traumatisante depuis la seconde guerre mondiale. Ils ont depuis mis en ?uvre une politique très volontariste pour que cela ne se reproduise pas. Mis en France, la prise de conscience tarde à venir. La transposition de la directive inondation, dont l'objectif est d'aider les États membres à prévenir et à limiter les inondations et leurs conséquences néfastes pour la santé, l'environnement, les infrastructures et les biens, représente donc une opportunité unique de se doter d'une politique nationale de prévention à la hauteur du risque encouru. Car si notre pays s'est doté ses dernières années d'une palette d'outils réglementaires assez étoffée, sa façon d'appréhender la gestion du risque inondation relève plus d'une politique axée sur la sécurité des personnes et des biens que d'une véritable stratégie nationale d'envergure à la hauteur des enjeux et des risques encourus sur la vie économique et le développement des territoires. Ce constat, partagé par plusieurs associations nationales de collectivités1 mobilisées par le CEPRI en partenariat avec l'Association des maires de France (AMF) a abouti à l'adoption d'une position commune. Objectif : changer radicalement d'approche en élaborant une stratégie nationale dont l'envergure et les objectifs doivent être ajustés à l'ampleur des effets négatifs de l'inondation sur le développement économique des territoires concernés. Une réorientation, qui, bien sûr, implique un changement de gouvernance laquelle devra placer l'aménagement du territoire au c'ur de la prévention des inondations et donc associer les gestionnaires de ces territoires à l'élaboration de la stratégie nationale attendue. Cette position commune, la première du genre sur cette thématique, a été transmise aux services de Jean-Louis Borloo, lesquels ont indiqué qu'il en serait tenu compte dans le cadre du projet de loi actuellement en cours de rédaction. A suivre donc.... 1 : les associations nationales signataires de cette position commune sont les suivantes : Association des Maires de France (AMF), Assemblée des Départements de France (ADF), Association des Maires Ruraux de France (AMRF), Association des Maires de Grandes Villes de France (AMGVF), Fédération des Maires des Villes Moyennes (FMVM), Association Nationale des Élus du Littoral (ANEL), Association Nationale des Élus de la Montagne (ANEM), Association des Petites Villes de France (APVF), Association Les Eco Maires, Fédération Nationale des Collectivités Concédantes et Régies (FNCCR), Assemblée des Districts et des Communautés de France (ADCF)